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Bouger, marcher pour rester en bonne santé!

« On n’a jamais fait autant de sport que pendant les confinement! » Alexandre Mouton, chargé de cours en sciences de la motricité (ULiège) revient sur cette affirmation, dans un article paru récemment (The Conversation, 6 avril 2020). Les réseaux nous laissent penser que nous nous serions mis en mouvement. Pourtant, dans les faits, l’activité physique a (encore) diminué pour la majorité d’entre nous.

« Il n’y a qu’à regarder par la fenêtre, dans la presse ou sur les réseaux sociaux : on n’a jamais vu autant de personnes pratiquer du sport que depuis que le confinement a été imposé. Entre la famille voisine qui sort deux fois par jour pour une balade poussette-roller-trottinette dans le quartier, le voisin féru de vélo qui passe son temps sur sa monture dès l’apparition des premiers rayons de soleil, le jeune couple qui se découvre soudainement une passion pour la course à pied, ou encore la voisine qui suit sur son grand écran, musique à bloc, le dernier cours virtuel de body training animé par son coach préféré, les exemples ne manquent pas. »

Les réseaux sociaux nous laissent penser que nous nous serions mis en mouvement… Rien n’est moins sûr….

Pour aller plus loin et tenter de comprendre ce qui pousse les gens à se mettre en mouvement, Alexandre Mouton revient sur la théorie psychologique de l’autodétermination.

« Au cours de notre existence, et ceci est vrai dans le domaine du sport, nous sommes poussés à l’action par trois grands besoins psychologiques qui vont contribuer à notre bien-être :

  • Le besoin d’autonomie : c’est le besoin de se sentir à l’origine ou à la source de ses actions. En période de confinement, en voilà déjà un qui est mis à mal ! Plus question de faire ce qu’on veut. Que fait maintenant le footballeur qui avait l’habitude d’aller jouer avec ses amis sur le terrain voisin ? Que fait la grand-mère dont la routine du dimanche était d’aller nager ses 25 longueurs à la piscine publique ? Que fait l’adepte d’équitation privé de ses sorties ? Ce recul de notre niveau d’autonomie pourrait-il être à la base des comportements observés qui frôlent voire dépassent les restrictions imposées par nos autorités ? Une frustration de ce besoin peut sans aucun doute mener à une recherche de liberté qui n’avait jamais été explorée auparavant.
  • Le besoin de compétence : il traduit notre désir de se sentir efficace, utile par rapport à notre environnement. Un artisan dont le savoir-faire est reconnu de tous, un enseignant qui transmet son savoir à ses élèves, un retraité qui partage son expérience bénévolement dans une association, un jeune sportif qui montre fièrement à ses parents le geste technique qu’il vient d’apprendre dans son club. De nouveau, satisfaire ce besoin universel implique une adaptation temporaire de nos comportements, dans la limite de ce qui est autorisé. Le parcours de motricité « maison » permet à l’enfant d’exprimer sa compétence à ses parents, à défaut des habituelles gratifications de l’enseignant ou de l’entraîneur. Les 20 minutes de course à pied sans s’arrêter ou la séquence d’abdos-fessiers réalisés dans leur intégralité peuvent aussi nous apporter cette source de satisfaction personnelle, d’autant plus si un certain nombre de pouces levés valorisent virtuellement notre action.
  • Le besoin d’appartenance sociale : chacun aspire à être affilié à un réseau, plus ou moins étendu, de personnes importantes à ses yeux. Ce besoin de se sentir connecté et supporté par d’autres personnes, nous l’avons chacun comblé à notre manière. La famille, les amis, les collègues ; tout un maillage distendu par un éloignement physique sans précédent. C’est sans doute dans la poursuite de ce besoin que nous partageons plus que de raison la moindre de nos activités sur les réseaux sociaux ; du moins les activités que l’on va juger socialement acceptables et valorisantes. Le selfie course à pied/vélo ou la vidéo du « Covid-19-challenge » en mode jonglage ou gainage avec du papier toilette en font partie. Mais étant donné que l’on ne partage que ce que l’on veut bien partager, qu’en est-il du reste ? Avouez que le selfie assis dans son canapé circule beaucoup moins sur les réseaux… On aborde ici un des nœuds du problème. »

 

Dans les faits, nous ne sommes pas tous égaux face à l’activité physique.

« La situation actuelle pourrait avoir tendance à accentuer ces inégalités. Les parents confinés à temps plein dans un appartement avec leurs enfants, les indépendants qui doivent dans l’urgence se renouveler pour espérer faire persister leur activité, le personnel hospitalier qui se donne corps et âme pour sauver la vie des autres, ou enfin tous ceux qui n’ont pas encore ancré la pratique d’activité physique dans leurs habitudes et qui ont besoin d’un soutien extérieur pour persévérer : nous vivrons tous un avant et un après Covid-19. »

Selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), le manque d’activité physique est considéré comme le quatrième facteur de risque de décès dans le monde et est considéré comme un des principaux facteurs de risque de maladies cardio-vasculaires ou de cancers, occupant les deux premières places de ce funeste podium. Avant confinement, près d’un individu sur trois dans le monde n’était pas suffisamment actif que pour se maintenir en bonne santé.

Dans les faits, malgré ce qu’en ont laissé percevoir les réseaux sociaux, l’activité physique a (encore) diminué durant le confinement pour la majorité d’entre nous.

 « Chaque minute en mouvement est une minute de lutte contre la sédentarité. Prendre les escaliers, se lever régulièrement de son canapé, passer un appel en marchant plutôt qu’assis, relever le défi qui vous motive, jardiner, bricoler, danser : ces gestes simples sont une première étape vers un corps en mouvement. Les premières minutes sont celles qui apportent le plus de bénéfices en matière de santé. Chacun peut donc, au regard de ses possibilités, besoins et motivations, intégrer un minimum d’activité physique dans sa vie quotidienne. » 

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