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Que restera-t-il de cette crise dans l’ « après-covid »?

Nous venons de traverser une importante crise sanitaire. Mais que nous aura appris la gestion de cette pandémie ? Va-t-on devoir vivre autrement ? La médecine générale va-t-elle fonctionner autrement ? Les patients ont-ils été plus malades durant l’épidémie ou moins malades ? Tentative de réponses du Dr Philippe Burette.

Le CSA a mis sur pied un groupe de travail pour réfléchir aux conséquences de cette épidémie, au mode de fonctionnement de la première ligne de soins et tenter d’adapter les procédures en conséquence.

1.Liens sociaux. C’est toujours quand on est privé de quelque chose qu’on se rend compte de son importance. Il en va probablement ainsi des liens sociaux. Cela paraissait normal, anodin, évident de cultiver nos liens sociaux avant la crise, mais c’est probablement devenu indispensable, primordial, après la crise. Nombre de patients déjà fort isolés avant la crise en ont subi les conséquences pendant la crise. Ne plus se serrer la main au début ou à la fin d’une consultation… pas facile, mais on doit rester vigilant face à cette menace émergente. Plus difficile encore après 3 mois que les « bonjour » ou « au revoir » sans contact, les consultations avec masques, difficile d’apprécier le langage non verbal quand on ne voit qu’une petite partie du visage…

2. Consultation téléphonique. Autre point qui a changé, la technologie : elle nous a rendu pas mal de services durant cette crise. La consultation téléphonique par exemple. Il a fallu s’adapter : anamnèse téléphonique, utilisation du dossier médical informatisé (DMI) de façon constante, envoi d’ordonnances par mail, envoi de photos (en dermatologie par exemple)…Plus possible de se déplacer, certes, mais pas évident de gérer le risque de passer à côté d’un diagnostic qu’on aurait pu découvrir en présence du patient.

3. La téléconsultation a fait ses débuts également : il s’agit d’ajouter la vidéo à la téléphonie. Nos logiciels ont été adaptés pour le permettre.

4. Visioconférence. Mais ce qui a été incontestablement l’avancée la plus importante en termes de technologie durant cette crise, c’est l’organisation des réunions en téléconférence. Une demi-douzaine de logiciels a été créée par les plus grandes firmes informatiques pour nous permettre de nous parler et de nous voir en respectant la distanciation physique. Indispensable pour éviter les risques de propagation du virus, ce nouveau mode de réunion nous a permis de rester en contact et de travailler ensemble de manière sécurisée pour continuer à vous accompagner en permanence, en fonction de l’évolution épidémique…

Autre point positif : que de kilomètres de voiture épargnés…

 


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Comment le CSA a-t-il réagi face à cette menace sanitaire ?

Nous avons anticipé les risques sanitaires pour notre centre en faisant l’acquisition, dès le mois de janvier (c’était encore possible à ce moment-là) de centaines de masques et des gels désinfectants.

Lorsque l’épidémie est arrivée d’Italie, trois de nos médecins généralistes ont été atteints par la maladie et ont été placés en quarantaine. Les risques étant liés à l’âge, nous avons proposé aux membres de l’équipe âgés de 60 ans et plus de rester à leur domicile pour éviter de s’exposer inutilement.

Nous avons rapidement mis en place toute une série de stratégies adaptées à la situation sanitaire infectieuse :

  • La désignation d’un cabinet « dédié » aux patients suspects, avec une salle d’attente y attachée
  • La suppression de toutes les consultations avec contact physique, sauf les urgences
  • Le développement des capacités de téléconsultation
  • Le développement des capacités de rédaction d’ordonnances et d’envoi de celles-ci par mail
  • Le développement des capacités de testing en « drive in »
  • Le suivi systématique des patients fragiles par téléphone
  • La modification des horaires de travail
  • La mise en place du télétravail pour ceux qui le pouvaient
  • Les réunions en équipe interdisciplinaire exclusivement par vidéoconférence
  • Le développement des capacités de désinfection rapide et systématique de tous les locaux

Je remercie particulièrement la participation active de nos jeunes (médecins, infirmières, kinés) dans la mise en place de ces mesures.

Tout cela s’est organisé sans apport d’équipement de protection individuel car ceux-ci ont été réservés aux hôpitaux uniquement (au début) : nous avons donc fonctionné avec notre propre stock (masques, gants, sur-blouses) pendant les premières semaines.

L’équipe de soins infirmiers et l’équipe des kinés ont continué à dispenser les soins indispensables aux malades porteurs de maladies chroniques. Et tous ont donné un coup de main à l’organisation générale des soins, des téléconsultations, des envois d’ordonnances, de la désinfection des locaux, …

L’équipe médicale (surtout les jeunes) a participé à la mise en place du « centre de tri Covid-19 » installé devant l’entrée des urgences du CHU. Nos médecins ont participé à la garde de médecine générale, organisée pour recevoir les patients suspects qui ne pouvaient pas être examinés par leur médecin généraliste, faute d’EPI. Cette participation a duré 4 semaines.

Au début de la phase de déconfinement, nous avons alors participé à la mise en place du « centre de testing Covid-19 », installé devant les urgences du CHU.

Enfin, il est très important de signaler que toutes ces mesures, prises pour éviter une propagation trop rapide du virus, ont été très bien accueillies par vous tous, les patients. Un tel chamboulement des « habitudes » aurait pu faire naître des manques, des frustrations ou des revendications. Pas du tout. Nous aimerions vraiment vous remercier ici tous, vous qui avez fait preuve d’un très grand soutien et qui avez rapidement accepté ce nouveau mode de fonctionnement.

Merci aussi des soutiens directs de la population, comme l’apport de masques, de blouses de protection, de repas, …

Dr Philippe Burette

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