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Le Bonheur National Brut (BNB), c’est quoi?

Dans les années 1970, au Bhoutan, petit pays enclavé entre l’Inde et la Chine, l’idée de bonheur national a vu le jour, sous l’impulsion de son roi qui affirmait viser le bonheur de son peuple plus que la croissance matérielle. Cette volonté de placer au plus haut la capacité de l’homme à atteindre la plénitude ne peut être comprise que dans son contexte culturel : la philosophie bouddhiste. Pour que ce concept puisse être appréhendé par l’Occident, le Bhoutan a alors formalisé l’indicateur de BNB. Et, dès 2013, l’ONU, conscient des limites des indicateurs de développement tels le PIB et en quête d’un nouveau paradigme, invite les Etats membres à la prise de conscience que la seule croissance économique ne suffit plus à assurer le “bonheur” d’un pays et qu’un développement plus équitable, équilibré et durable permettrait de mieux éliminer la pauvreté et assurer le bien-être de tous.

Au Bhoutan (1), le BNB analyse 9 domaines de condition de vie (eux-mêmes subdivisés en 124 variables différentes) : bien-être psychologique, santé, utilisation du temps, éducation, diversité et résiliences culturelles, bonne gouvernance, vitalité communautaire, diversité et résiliences écologiques, niveaux de vie. Le BNB est un indice de santé intéressant, puisqu’il qui tient compte de diverses données telles les aides sociales, l’espérance de vie en bonne santé, la liberté des choix de vie, la générosité… Pour Isabelle Cassiers, qui a étudié cet original modèle économique, l’innovation radicale, par rapport à nos conceptions occidentales, est qu’il détermine, pour chaque variable, un seuil de suffisance.

Ainsi, pour chaque indicateur, se pose la question : « quel seuil faut-il atteindre pour que les conditions du bonheur soient réunies ? » Les politiques publiques, guidées par la réponse à cette question pour chaque indicateur, orientent leurs efforts vers les domaines les plus faibles. Ce modèle pourrait inspirer notre mode de pensée occidentale, et nous faire réfléchir sur la course à la consommation, la productivité, le profit : 3 piliers qui résument un modèle social, politique et environnemental exclusivement déterminé par l’idée de croissance, qui manifeste aujourd’hui ses limites et ses effets délétères.

Miguelle Benrubi

(1) D’après Isabelle Cassiers, professeure d’économie à l’UCL : « Le Bouthan nous interpelle : BNB et nouveau paradigme économique », avril 2016, p. 40-43

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